On peut, dans la même journée, recevoir un mail vous demandant d'investir pour qu'un livre sorte, un SMS vespéral vous enjoignant à vous rendre en librairie pour acheter un super 3e tome, trois messages facebook péniblement incitatifs - je sais de quoi je parle, j'en envoie parfois moi-même - et déplorer que l'édition soit devenu un immense cirque auto-promotionnel d'où la littérature s'est elle-même abstraite, remplacée par l'ego et les compétences informatiques (mais j'ai déjà causé de ça et, en définitive, chacun fait comme il veut, et/ou peut), et puis arrivent des phrases magiques qui vous lavent de tout et vous vengent du marasme : Quelques semaines s'écoulent, des semaines passées à décoller et à atterrir, à raser les têtes de maïs et les toits des fermes, à survoler les routes comme si c'étaient des rivières dans lesquelles se mirer avant d'y plonger, en y apposant l'ombre de sa croix pétaradante, puis de nouveau le ciel, la cible du soleil et l'oubli des nuages, le temps décomposé par l'aiguille de la jauge, la fatigue, le Jenny qui mord la poussière et tourne sur lui-même à la façon d'un chien à quelques mètres d'une grange ou d'un silo, le repas offert par un inconnu mutique apparemment indissociable de son porche et de son banjo, le chant du sommeil repris et déformé, les rêves embaumant le foin ou la volaille, un ballet d'apparitions et de disparitions qu'exécute Elfeba sans hargne ni exaltation, avec désormais dans son cockpit le singe Nikko, le seul macaque à avoir réchappé à l'incendie du zoo de San Diego et qui semble avoir pris goût aux acrobaties aériennes. CosmoZ ? C'est le 18 août.
"Beaucoup de romanciers surtout en France, font du joli pour le joli. Ils enfilent les phrases tarabiscotées avec des mots de vocabulaire qu'il faut chercher dans le dictionnaire comme on enfile des perles pour faire un collier. Cela fait juste un tas de jolis phrases. Pas un livre. Ils feraient mieux d'être poètes. Au moins c'est plus clair." - Bernard Werber.