J'ai eu une idée de livre étrange, cette nuit. Je ne sais pas encore à quel éditeur je la destine, je ne sais même pas si elle est viable. En fait, ça ne dépend pas de moi : ça dépend de vous. Je m'explique :
Il s'agit, dans les grandes lignes, d'un projet participatif. Titre provisoire : "Et puis je voulais te dire..." L'idée est de s'adresser aux morts. A la cohorte silencieuse et anonyme des morts qui gisent au fond de nous, avec lesquels des liens existent encore, et à qui nous n'avons pas tout dit.
Le principe est le suivant. Vous choisissez un mort. Peu importe qui, peu importe quand il est mort. Il peut s'agir d'un parent (ex. : votre grand-père). D'un ami (ex. : une camarade d'école). De quelqu'un de connu (ex. : Fiodor Dostoïevski). D'un parfait inconnu (ex. : ce clochard que vous voyiez tous les hivers). Vous racontez : 1) quel est votre lien à ce mort, votre histoire commune. 2) les circonstances du décès. 3) où vous étiez à ce moment-là, ce que vous étiez en train de faire, comment vous avez appris la nouvelle. 4) ce que vous voulez dire au mort (attention : le texte doit être rédigé à la seconde personne).
Exemple avec ma grand-mère : 1) J'ai passé un grand nombre d'étés chez toi, je me souviens d'une certaine journée, dans le jardin de ta maison, je revois la lumière dorée, les papillons, je sens encore l'odeur des tomates fraîches. 2) Tu es morte à 96 ans à l'hôpital, quelques jours après que je t'ai rendu visite - les causes de ton décès sont peu claires, disons : arrêt cardiaque consécutif à un épuisement général. 3) Je devais dormir quand c'est arrivé ; je m'apprêtais à partir en vacances, c'est ta fille - ma tante - qui m'a appelé en pleurs. 4) J'avais plein de questions à te poser dont je vais devoir imaginer les réponses, maintenant. Et tu me manques plus souvent que je l'aurais pensé. Dis donc, c'est comment, là où tu es ? Tu sais, je ne te vois pas comme un fantôme. Je te vois comme une personne qui aurait déménagé sur une île inacessible.
Evidemment, j'ai grandement résumé. Vous pouvez prendre la place que vous voulez. Vous pouvez écrire comme vous voulez. De toute façon, sachez-le, je réécrirai. C'est l'une des idées centrales du projet, sur laquelle je ne transigerai pas : le livre doit pouvoir se prévaloir d'une unité de style. Il doit ressembler, in fine, à un vaste chant polyphonique.
FAQ
- Quelle forme doit prendre ma contribution ?
Celle d'un simple fichier Word ou RTF adressé à l'adresse suivante : projet_morts@yahoo.fr.
- Est-ce que ma contribution sera anonyme ?
Oui, et non. Votre prénom apparaîtra en ouverture de votre contribution, et celui du mort sera mentionné dans le corps du texte (y compris s'il s'agit d'une personne connue ; chacun pourra alors deviner de qui il est question, et peu importe.)
- Est-ce que j'ai toute la place que je veux ?
Disons qu'une "bonne" longueur est comprise entre 5 000 et 10 000 signes, mais tout se discute. Je me réserve le droit de couper.
- A quel point mon texte sera-t-il réécrit ?
Tout dépend de la façon dont vous l'écrirez vous. Peut-être que je réécrirai quasiment tout. Peut-être que je laisserai pratiquement comme c'est. Mais j'y toucherai, c'est certain.
- Et si ça ne me convient pas ?
Je vous présenterai le texte final avant, et vous serez libre de vous rétracter si vous ne vous y retrouvez pas.
- Est-ce que je serai payé ?
Non. Mais vous recevrez un exemplaire du livre, et l'avance que je percevrai sera reversée à un organisme caritatif - a priori une association de lutte contre le cancer.
- Qui peut participer ?
Tout le monde. C'est-à-dire pas seulement vous, mais quelqu'un de votre famille, un ami, éventuellement un enfant, etc. Spread the word ! Plus l'éventail des propositions sera large, plus le livre sera bizarre et beau.
- Est-ce que je peux vous parler de mon idée avant ?
Oui. Et même, je préfèrerais. Quelques mots suffisent - une sorte de déclaration d'intention.
- Est-ce que ma contribution sera nécessairement prise en compte ?
A priori, oui. Sauf si elle est hors-sujet, ou totalement inintéressante, ou qu'elle ressemble trop à une autre - d'où l'intérêt d'en parler avant.
- Et si aucun éditeur n'est trouvé ?
Je vais attendre de recuillir quelques textes et je parlerai très vite du projet aux éditeurs que j'ai en tête. Si je vois que ça ne mord pas du tout, je l'annoncerai ici-même le plus rapidement possible.
- Et si je suis éditeur et que ça m'intéresse ?
Parlons-en.
- Quels sont les délais ?
J'aimerais recueillir TOUS les textes avant le 1er avril 2014.
- Où est-ce que je peux vous parler de ce que j'ai en tête, ou vous poser des questions ?
Sur Facebook, sur Twitter ou en cliquant sur "contact" tout en bas de cette page.