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Dans le clip de radiohead réalisé par Paul Thomas Anderson pour accompagner le bien-nommé Daydreaming, un Thom Yorke lessivé et bouleversant de naturel ouvre porte sur porte avant de déboucher sur une montagne enneigée, à la fois refuge terminal et horizon indépassable. On ne sait jamais ce que dit une chanson, un poème. Au mieux peut-on le sentir et ce que je sens est ceci : arrive un moment où l'histoire s'achève, où la fin donne un sens à ce que nous avons vécu.
C'est dans le refuge d'une grotte - le ventre maternel devenu tombeau - que s'élaborent les rêves de l'après, les enfants de la mort que sont les mythes, projetés sur les murs telles des ombres. "Dreamers / they never learn / beyond the point / of no return" : les rêves de nos vies, eux, ne nous servent à rien, ne sont rien d'autre que des images d'agrément. Nous ouvrons des portes, débarquons dans des vies, découvrons des histoires nouvelles, mais il n'y a rien d'autre que nous, qui tentons d'articuler les formes, le conte plein de bruit et de fureur. "And it's too late." Et c'est la fin : par la mort, nous entrons dans le monde vrai, enfin, et comprenons quelle était le sens de notre vie. Le sens, c'est qu'il n'y en avait pas. Le sens, c'est que seule notre absence a un sens et dit quelque chose de ce que nous avons été. "This goes / beyond me / beyond you."
On pourrait souhaiter que ce 9e album soit le dernier. Que Thom Yorke, qui sait que la gloire n'est rien, nous brise le cœur en pleine ascension. Il n'y a plus grand-chose à faire après ce qu'a déjà fait ce groupe, après ce qu'il nous a déjà dit sur l'aliénation, l'incommunicabilité et l'indicible, précisément. Jouer encore, peut-être - "we are just happy to serve" -, feindre, malgré la lassitude, de connaître ce qui vient. Il y a tant de gens prêts à croire que les créateurs savent quelque chose de plus qu'eux, qu'ils n'ont pas simplement un don pour dire qu'ils ne savent rien.