99 francs, le film est une purge sans nom, une farce tragique qui met surtout en évidence - et plus encore que le livre, un exploit - le cynisme surréaliste de son instigateur. Quiconque
parviendra à endurer ces cent minutes atroces truffées d'aphorismes ringards (la pub domine le monde, je jouis dans votre hemisphère droit, ce genre) et la prestation top-délire-hystérique du
malheureux Jean Dujardin (attention : il nous aura fallu nous y reprendre à deux fois, avec beaucoup de bon vin et en parlant en même temps, "tu veux que je mette sur pause pendant que tu vas
pisser ? - Non, non, surtout pas.") se retrouvera in fine confronté à une énigme de taille : mais de quoi parle ce machin ? Frédéric Beigbeder - qui ne peut s'empêcher d'apparaître dans
quelques plans miroirs (on appréciera, entre deux bâillements incoercibles, ce stupéfiant accès de bravoure post-moderne) - met en scène le spectacle d'une très vague prise de conscience
puis esquisse les contours d'une hypothétique (et ridicule) rédemption pour, dans la vraie vie, claquer ses bénéfices en call-girls moscovites et sniffer de la coke sur des capots de bagnole avec
le fric des Galeries Lafayette. Le problème de cet homme, on l'aura compris, est qu'il aimerait être haï et crucifié comme le Christ, alors qu'il est juste méprisé et invité sur des plateaux télé
(autrefois, Beigbeder voulait être Bret Easton Ellis ; mais il faut travailler pour ça : il a vite passé son tour).
Le message final, qui explique sans rire au spectateur qu'on pourrait sauver plein de petits nenfants du tiers-monde avec l'argent de la pub, sonne comme une dernière charge cradingue, et réellement désespérée, de provocation puérile. Avec l'agent économisé en téléchargeant illégalement 99 francs, je vais m'acheter trois boîtes d'anti-vomitif.

Le message final, qui explique sans rire au spectateur qu'on pourrait sauver plein de petits nenfants du tiers-monde avec l'argent de la pub, sonne comme une dernière charge cradingue, et réellement désespérée, de provocation puérile. Avec l'agent économisé en téléchargeant illégalement 99 francs, je vais m'acheter trois boîtes d'anti-vomitif.