Retrospectivement, et avant même de prendre connaissance des résultats, j'avais trouvé hier plein de raisons intéressantes de ne pas aller voter, la plus immédiate restant la possibilité d'agacer
son prochain à très peu de frais - un plaisir potache dont j'avais cru à tort me lasser : en effet, vous pouvez professer un antisionisme virulent dans une manif de gauche, cracher sur la droite en
achetant des actions, ou fumer des pétards devant des gosses de trois ans en évoquant l'uniforme à l'école : personne, a priori, ne lèvera un sourcil. Mais dites que vous ne votez pas, et les
invectives indignées commencent à fuser : oulala, mais pourquoi, mais c'est pas bien, et que c'est immature, et que c'est irresponsable, et que tu fais le jeu du gagnant, etc. Hier sur facebook, on
ne comptait plus les messages des internautes authentiquement heureux d'avoir été voter et clamant haut et fort l'accomplissement de leur devoir civique (un peu comme un enfant qui vient de faire
caca) avant de recueillir, dans un délai moyen de cinq minutes, les félicitations envieuses de leur coreligionnaires : "c'est super, François. Moi je vais y aller tout à l'heure, qu'est-ce que j'ai
hâte !!!"
Voter, c'est comme aller à la messe : ça fait du bien à l'âme. Pourquoi pas ? Il y a bien des gens qui se targuent de souhaiter la fête des mères. Le problème, c'est que vos amis ne tiennent pas particulièrement à ce que vous votiez, en définitive, mais plutôt à ce que vous votiez à peu près comme eux. J'aurais aimé faire le test auprès d'un copain de gauche ("bon, tu m'as convaincu, je vais y aller : et cette fois, j'essaie Bayrou") mais l'humour n'a jamais été une vertu très prisée en politique et puis en définitive, faire chier les gens n'est pas si continuellement amusant qu'on veut bien le prétendre. La vie est ailleurs, c'est surtout ça. On respire le parfum mouillé du soir ; on parcourt quelques pages d'Indian Creek ; un rire d'enfant éclate ; on écoute les derniers Kasabian ou Grizzly Bear ; on remplace le débat post-électoral par deux épisodes de Madmen. Pourquoi se faire chier ? Pourquoi prendre le risque de donner sa voix à un type dont on apprendra immanquablement quelques semaines plus tard qu'il tabassait des Arabes dans sa prime jeunesse, qu'il masturbait des poneys en fredonnant des chants patriotes ou qu'il enregistrait des cassettes d'Indochine à sa petite amie de l'époque ? Moi qui vous parle, et qui possédais il y a vingt ans un magnétophone double entrée, je ne voterais certainement pas pour moi : ce petit jeu est réellement trop tordu. Le monde s'en sort très bien sans nous. Nous nous en sortons encore mieux que lui. Par ailleurs, des études médicales l'attestent : l'inaction, la passivité et l'irresponsabilité béate sont excellentes pour les artères. "Le sage abandonne le vouloir pour affermir ses os", expliquent nos amis taoïstes. Oui, voilà, en fait : si un énorme panda s'était présenté aux élections, je me serais peut-être traîné jusqu'à l'isoloir. Un panda, ou Julien Coupat. Un truc un peu magique. Ensuite, sans doute, j'aurais été déçu : les pandas n'ont pas leur pareil pour manquer un rendez-vous.
Non, vraiment, j'ai préféré ne pas ; et j'avais oublié à quel point c'était sympa.
Jésus, prétend une symapthique rumeur, aurait fini sa vie au Japon. Voilà qui change tout : remplacez les hosties par des gyozas et je retourne à la messe.
Voter, c'est comme aller à la messe : ça fait du bien à l'âme. Pourquoi pas ? Il y a bien des gens qui se targuent de souhaiter la fête des mères. Le problème, c'est que vos amis ne tiennent pas particulièrement à ce que vous votiez, en définitive, mais plutôt à ce que vous votiez à peu près comme eux. J'aurais aimé faire le test auprès d'un copain de gauche ("bon, tu m'as convaincu, je vais y aller : et cette fois, j'essaie Bayrou") mais l'humour n'a jamais été une vertu très prisée en politique et puis en définitive, faire chier les gens n'est pas si continuellement amusant qu'on veut bien le prétendre. La vie est ailleurs, c'est surtout ça. On respire le parfum mouillé du soir ; on parcourt quelques pages d'Indian Creek ; un rire d'enfant éclate ; on écoute les derniers Kasabian ou Grizzly Bear ; on remplace le débat post-électoral par deux épisodes de Madmen. Pourquoi se faire chier ? Pourquoi prendre le risque de donner sa voix à un type dont on apprendra immanquablement quelques semaines plus tard qu'il tabassait des Arabes dans sa prime jeunesse, qu'il masturbait des poneys en fredonnant des chants patriotes ou qu'il enregistrait des cassettes d'Indochine à sa petite amie de l'époque ? Moi qui vous parle, et qui possédais il y a vingt ans un magnétophone double entrée, je ne voterais certainement pas pour moi : ce petit jeu est réellement trop tordu. Le monde s'en sort très bien sans nous. Nous nous en sortons encore mieux que lui. Par ailleurs, des études médicales l'attestent : l'inaction, la passivité et l'irresponsabilité béate sont excellentes pour les artères. "Le sage abandonne le vouloir pour affermir ses os", expliquent nos amis taoïstes. Oui, voilà, en fait : si un énorme panda s'était présenté aux élections, je me serais peut-être traîné jusqu'à l'isoloir. Un panda, ou Julien Coupat. Un truc un peu magique. Ensuite, sans doute, j'aurais été déçu : les pandas n'ont pas leur pareil pour manquer un rendez-vous.
Non, vraiment, j'ai préféré ne pas ; et j'avais oublié à quel point c'était sympa.
Jésus, prétend une symapthique rumeur, aurait fini sa vie au Japon. Voilà qui change tout : remplacez les hosties par des gyozas et je retourne à la messe.
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