Après avoir interviewé Dave Eggers (qui, au terme de l'entretien, me filera son mail, son adresse, deux bouquins, des dépliants, des photos, et m'engagera à passer le voir à San Francisco avec
femme et enfants - you bet I will), je ressors de chez Gallimard habité de sentiments contrastés : la joie le dispute à une honte diffuse.
A travers l'association 826, Eggers (et Chabon, et Alexie, et Eugenides, et Diaz, et Moody, etc.) publie des anthologies pour financer des programmes d'aide aux élèves en difficulté. Des livres sont publiés. Des ateliers sont montés. De nouveux chapitres s'ouvrent partout. Eggers revient de Dublin, où Roddy Doyle entend lui donner un coup de main. Par ailleurs, les bénéfices de What is the what ? sont reversés à une fondation qui construit des écoles au Soudan. Et ça marche. 826 marche. Tom Cruise apporte son soutien. Et Chris Ware. Et Stephen Malkmus, et Death Cab, et Of Montreal. Et Dreamworks, Judd Apatow, et Ikea. Tout cela est orchestré avec une intelligence et une humilité confondantes. Nous discutons de l'engagement des écrivains. Je me retourne, décris du bras un petit cercle. "Le milieu littéraire français est confiné ici, dis-je. Dans un rayon de deux kilomètres. Quand les gens vendent des livres, ils passent à la télé pour expliquer que leur exposition médiatique est légèrement exagérée. Ou bien, ils se tapent des rails de coke puis écrivent des livres pour expliquer à quel point ils sont désolés et à quel point ils ont changé. J'ai du mal à imaginer un truc comme 826 en France." Eggers sourit. Il voit bien que je suis un peu contrarié. Le contexte est différent, dit-il. Doucement, nous changeons de sujet. Nous parlons de Where the wild things are, de Coraline, des enfants de quatre ans et de William T. Vollmann. William T. Vollmann devrait avoir le Prix Nobel de Littérature, nous sommes d'accord là-dessus : il devrait l'avoir s'il existe une justice en ce monde. Mais tu sais, dit Eggers, qui le publie, Vollmann n'a vraiment pas beaucoup d'argent. Il investit tout dans ses voyages, dans ses recherches. C'est l'homme le plus extraodinairement empathique que je connaisse. Un véritable modèle pour moi." Et c'est reparti. Ce sentiment de honte et d'incompréhension. Je remercie et je sors.
Marcher, maintenant. Essayer de savoir qui, dans le milieu littéraire français, est un modèle pour moi sur le plan de l'engagement. BHL ? Résister à la tentation de croire que ce pays est mort.
A travers l'association 826, Eggers (et Chabon, et Alexie, et Eugenides, et Diaz, et Moody, etc.) publie des anthologies pour financer des programmes d'aide aux élèves en difficulté. Des livres sont publiés. Des ateliers sont montés. De nouveux chapitres s'ouvrent partout. Eggers revient de Dublin, où Roddy Doyle entend lui donner un coup de main. Par ailleurs, les bénéfices de What is the what ? sont reversés à une fondation qui construit des écoles au Soudan. Et ça marche. 826 marche. Tom Cruise apporte son soutien. Et Chris Ware. Et Stephen Malkmus, et Death Cab, et Of Montreal. Et Dreamworks, Judd Apatow, et Ikea. Tout cela est orchestré avec une intelligence et une humilité confondantes. Nous discutons de l'engagement des écrivains. Je me retourne, décris du bras un petit cercle. "Le milieu littéraire français est confiné ici, dis-je. Dans un rayon de deux kilomètres. Quand les gens vendent des livres, ils passent à la télé pour expliquer que leur exposition médiatique est légèrement exagérée. Ou bien, ils se tapent des rails de coke puis écrivent des livres pour expliquer à quel point ils sont désolés et à quel point ils ont changé. J'ai du mal à imaginer un truc comme 826 en France." Eggers sourit. Il voit bien que je suis un peu contrarié. Le contexte est différent, dit-il. Doucement, nous changeons de sujet. Nous parlons de Where the wild things are, de Coraline, des enfants de quatre ans et de William T. Vollmann. William T. Vollmann devrait avoir le Prix Nobel de Littérature, nous sommes d'accord là-dessus : il devrait l'avoir s'il existe une justice en ce monde. Mais tu sais, dit Eggers, qui le publie, Vollmann n'a vraiment pas beaucoup d'argent. Il investit tout dans ses voyages, dans ses recherches. C'est l'homme le plus extraodinairement empathique que je connaisse. Un véritable modèle pour moi." Et c'est reparti. Ce sentiment de honte et d'incompréhension. Je remercie et je sors.
Marcher, maintenant. Essayer de savoir qui, dans le milieu littéraire français, est un modèle pour moi sur le plan de l'engagement. BHL ? Résister à la tentation de croire que ce pays est mort.
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