Après-demain sort Retour sur l'horizon, anthologie de SF française dont on sait déjà qu'elle suscitera émerveillements transis et prodigieux agacements. La préface, comme il se doit,
s'avèrera inutile, hors-sujet, truffée de contre-vérités choquantes ou particulièrement instructive (si analysée par un chroniqueur inculte). Certaines nouvelles nous laisseront "hébétés", "au bord
des larmes" ou "mériteront d'être relues dans cent ans" : on leur promettra le GPI, la postérité éternelle, peut-être même un prix Rosny. D'autres seront vouées aux gémonies ; on s'interrogera sur
leur pertinence, leur caractère pseudo-expérimental, leur insupportable prétention ; avec un peu de chance, leurs auteurs interviendront en personne sur les forums. Ah, on me signale que ça
commence déjà. Bref. Mon propre texte a le redoutable honneur d'ouvrir les hostilités. Je m'interroge <ici : plan rapproché sur l'auteur grimaçant, se grattant le front avec la dernière
énergie> : a-t-on déjà vu un sprinter gagner une course en partant du couloir 1 ? Non, bien sûr que non. D'ailleurs, mon nom est le seul qui ne soit pas cité dans la préface. Mon hypothèse est
donc la suivante : Serge Lehman a placé ma nouvelle en ouverture pour initier une dynamique de progression. C'est un pari risqué : un peu comme si on vous accueillait en Guadeloupe avec un
panier de scolopendres ("oui, mais après, il y a des cocktails"). Cela étant, on a déjà vu des plans diablement plus foireux. Bon, je vais la faire lire à ma mère : si elle passe la page 3, c'est
mauvais signe. Je reste confiant.
- Allô, mon chéri (admettons que ma mère m'appelle "mon chéri" : dans la vraie vie, bien sûr, ce n'est absolument pas le cas, mais dans le contexte qui nous occupe, je pense que ça passe mieux. Dans la vraie vie, faut-il le préciser ? ma mère ne m'appelle jamais pour me parler de mes textes. Et je ne lui fais jamais lire mes nouvelles. Si elle pouvait en profiter pour ne pas lire mes romans non plus, ce serait encore mieux. Mais reprenons) Allô, mon chéri ?
- Oh, salut m'man. J'adore quand tu m'appelles comme ça.
- J'ai lu ta nouvelle.
- Ah.
- Enfin, j'ai essayé.
- Et ?
- Ce n'est pas une nouvelle.
- Eh bien en fait...
- Je ne comprends pas très bien. Tu écris une lettre pour dire que tu n'écriras pas de nouvelle ?
- Oui.
- Et c'est ça, ta nouvelle ?
- En gros.
- Pour moi, ça n'a pas de sens.
- Voilà. C'est un texte sur le sens des choses.
- Cette justification tardive n'a pas de sens non plus.
- Maman, j'ai oublié de te demander, est-ce que tu pourrais venir garder les enfants lundi prochain ?
- Le texte de David est bien mieux. Je veux dire, je n'ai pas beaucoup plus compris mais au moins, c'est un texte. J'ai réussi à le terminer.
- Je lui dirai. Je pense que ça lui fera plaisir.
- Comment va-t-il, au fait ?
- M'man, c'est David. Il est en Islande, il me semble. Ou à Seattle.
- Bon. On n'est pas là lundi prochain.
- Ah, merde. Et la nouvelle d'Emmanuel Werner, tu l'as lue ?
- Effondrement machin ? Un titre encore plus prétentieux que le tien.
- Mais tu l'as lue ?
- Tu ne me l'as pas demandé.
- Je ne t'ai pas demandé non plus de lire celle de David.
- C'était la plus courte. Et puis j'aime beaucoup David. Qu'est-ce qu'il devient ?
- Maman, il faut absolument que tu lises la nouvelle d'Emmanuel Werner. Sinon, ça ne rime à rien.
- On verra. Bon, je te laisse. Il y a le type qui vient pour les parquets, je sens que nous allons encore passer une journée fantastique.
- D'accord. Mais promets-moi que tu -
<clic>
A part ça, j'ai lu la nouvelle de Maheva Stéphan-Bugni (deux fois) et je l'ai trouvée très bonne. Parce qu'ils n'essaient pas de faire les malins, parce qu'ils ne pensent pas avoir un rang à tenir, les auteurs novices proposent souvent les meilleurs textes - avec les auteurs âgés, qui n'en ont plus rien à foutre. En fait, il n'est pire auteur, à mon avis, que celui se souciant des critiques : on en revient à notre point de départ.

- Allô, mon chéri (admettons que ma mère m'appelle "mon chéri" : dans la vraie vie, bien sûr, ce n'est absolument pas le cas, mais dans le contexte qui nous occupe, je pense que ça passe mieux. Dans la vraie vie, faut-il le préciser ? ma mère ne m'appelle jamais pour me parler de mes textes. Et je ne lui fais jamais lire mes nouvelles. Si elle pouvait en profiter pour ne pas lire mes romans non plus, ce serait encore mieux. Mais reprenons) Allô, mon chéri ?
- Oh, salut m'man. J'adore quand tu m'appelles comme ça.
- J'ai lu ta nouvelle.
- Ah.
- Enfin, j'ai essayé.
- Et ?
- Ce n'est pas une nouvelle.
- Eh bien en fait...
- Je ne comprends pas très bien. Tu écris une lettre pour dire que tu n'écriras pas de nouvelle ?
- Oui.
- Et c'est ça, ta nouvelle ?
- En gros.
- Pour moi, ça n'a pas de sens.
- Voilà. C'est un texte sur le sens des choses.
- Cette justification tardive n'a pas de sens non plus.
- Maman, j'ai oublié de te demander, est-ce que tu pourrais venir garder les enfants lundi prochain ?
- Le texte de David est bien mieux. Je veux dire, je n'ai pas beaucoup plus compris mais au moins, c'est un texte. J'ai réussi à le terminer.
- Je lui dirai. Je pense que ça lui fera plaisir.
- Comment va-t-il, au fait ?
- M'man, c'est David. Il est en Islande, il me semble. Ou à Seattle.
- Bon. On n'est pas là lundi prochain.
- Ah, merde. Et la nouvelle d'Emmanuel Werner, tu l'as lue ?
- Effondrement machin ? Un titre encore plus prétentieux que le tien.
- Mais tu l'as lue ?
- Tu ne me l'as pas demandé.
- Je ne t'ai pas demandé non plus de lire celle de David.
- C'était la plus courte. Et puis j'aime beaucoup David. Qu'est-ce qu'il devient ?
- Maman, il faut absolument que tu lises la nouvelle d'Emmanuel Werner. Sinon, ça ne rime à rien.
- On verra. Bon, je te laisse. Il y a le type qui vient pour les parquets, je sens que nous allons encore passer une journée fantastique.
- D'accord. Mais promets-moi que tu -
<clic>
A part ça, j'ai lu la nouvelle de Maheva Stéphan-Bugni (deux fois) et je l'ai trouvée très bonne. Parce qu'ils n'essaient pas de faire les malins, parce qu'ils ne pensent pas avoir un rang à tenir, les auteurs novices proposent souvent les meilleurs textes - avec les auteurs âgés, qui n'en ont plus rien à foutre. En fait, il n'est pire auteur, à mon avis, que celui se souciant des critiques : on en revient à notre point de départ.

Journée sympa mais éreintante à Bruxelles hier pour parler 3/4 d'heure à des libraires et à des étudiants attentifs. Dès le départ, je retrouve non sans plaisir mon petit camarade Benjamin
Lacombe, qui n'a rien perdu de sa plastique avantageuse, de son amour pour Mariah Carey et de son mauvais esprit de merde (on dirait moi)(pour le mauvais esprit). Disons-le tout net : ce garçon
est mal barré.
Chaque soir, et sachant que je vais m'endormir au bout de huit minutes maximum, j'hésite entre lire Vive les vacances de Reiser ou La maison dorée de Samarkand de Hugo Pratt. Chaque soir, c'est Reiser qui finit par l'emporter. Pourquoi ?
Demain, work session chez Mister Moorcock.
Fini de rire.
Chaque soir, et sachant que je vais m'endormir au bout de huit minutes maximum, j'hésite entre lire Vive les vacances de Reiser ou La maison dorée de Samarkand de Hugo Pratt. Chaque soir, c'est Reiser qui finit par l'emporter. Pourquoi ?
Demain, work session chez Mister Moorcock.
Fini de rire.
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