Il y a des gens qui aiment le Bourgogne, le Riesling ou la bière blanche. Il y a des gens qui aiment Léon Tolstoï, James Ellroy ou Amélie Nothomb. Il y a des gens qui aiment l'Italie, le free-jazz, le SM, les orchidées, la marche en montagne, les chiens, les dimanches matins, le Sud, le Nord, le Grand-Ouest, les makis, le vieux comté, les brocantes, la pluie d'automne, le basket, les repas en famille, l'origami ou les films d'horreur fauchés. Mais personne n'aime sa putain de banque, chers pubards débiles de Fortuneo, parce que personne n'aime un système - parce que personne n'a choisi ce système. "La société contemporaine est devenue massivement indigne et, à part quelques imbéciles heureux, tout le monde subit ce désastre" affirme Stiegler dans une belle interview publiée - surprise - sur le site de l'Express. Ce cher Bernard nous promet les pires emmerdes à court terme si nous continuons à prêter allégeance à cette partie abstraite du monde qui voudrait nous faire croire que nous pouvons ou devons aimer le néant. Miguel Benasayag, à propos de l'argent : "Selon une caricature tragique de la philosophie de Hegel, nous assistons à une désubstantialisation de la marchandise, et du monde, dans lequel posséder signifie posséder les moyens de posséder." La publicité décrit un monde qui n'existe pas dans l'espoir que nous nous y dissoudrons avec calme et discipline. Fortuneo ne dit pas autre chose. Son slogan est une insulte.