Et puis je voulais te dire, la suite : je suis ravi, et plus qu'étonné, à vrai dire, de l'intérêt suscité par le projet lancé hier ici-même. A ce jour, j'ai déjà reçu trois messages d'éditeurs et d'autres vont arriver, j'en suis certain. Surtout, de nombreux amis, amis d'amis, anonymes, connaissances, vieilles connaissances parfois m'ont témoigné leur soutien avec une gentillesse insigne et fait part, pour certains, d'un engagement de principe (qui, je l'espère, verra le jour sous une forme plus aboutie) et pour d'autres, de propositions concrètes. Les textes fermes qui m'on été envoyés sont, comme prévu, bouleversants. Pour nombre d'entre vous, c'est l'occasion, sans doute, de dire quelque chose qui n'a pu l'être et qui reste difficile à formuler. L'anonymat, le fait de participer à un projet plus vaste, tout cela peut aider, il me semble. Parfois, c'est l'occasion d'en finir avec le mort en tant qu'objet de colère ; à d'autres moments, c'est l'espoir d'entamer une relation nouvelle.
"D'ici quelques heures, il allait se réveiller du rêve de cette vie. [...] Peut-être allait-il renaître sous un autre aspect, séparé des autres comme il l'était maintenant. Ou bien - un espoir qu'il n'osait envisager - en mourant, en sautant de l'autre côté, il allait réaliser que le temps n'existait plus ; et il allait se perdre dans le courant de l'existence." Voici un extrait du livre que je lisais et sur lequel je méditais au moment où j'ai eu l'idée de Et puis je voulais te dire. Il parle de Leon Tolstoï et de sa relation à la mort. Cette lecture n'est pas fortuite. Il y a, au coeur de mon projet, l'intention à la fois vaine et suavement indispensable de poursuivre un dialogue interrompu, tranché net par une lame blanche. Mais une discussion peut se passer de réponse comme elle peut s'inscrire "hors" du temps. Les morts ne s'embarrassent pas de début et de fin. Ils sont, tout simplement, et c'est parce que nous ne savons pas trouver de nom à cet ailleurs a-temporel qui est leur royaume que leur disparition nous paraît si désespérante & définitive.
Continuez, s'il vous plaît, de faire connaître cette initiative sur les réseaux et ailleurs : plus j'aurai de textes, plus le livre sera beau, chatoyant - un diamant noir. Les textes, questions et propositions peuvent être envoyés sur mon adresse mail, pour ceux qui la connaissent, sur FB, ici-même (le "contact" au bas de la page) ou sur projet_morts@yahoo.fr