Journée passée à errer dans les souks. Pas trop de problèmes avec une femme comme la mienne : le type qui arrivera à lui faire acheter quoi que ce soit contre son gré n'est même pas un concept en devenir. Au bout de dix minutes, nous tombons sur Mohammed, un vendeur vraiment sympa qui assure la visite locale, nous emmène dans une droguerie, nous montre les teinturiers, nous offre le thé, etc. tout cela sans nous prendre le moins du monde la tête. Nous montons sur une terrasse. Aux alentours, le bordel règne.
Un peu plus loin, un fabricant de boîtes casse-tête amuse beaucoup les enfants. Fabrication locale, artisanale, c'est-mon-frère-qui-les-fait, la totale. Deux cent mètres plus loin, nous retrouvons la même boutique avec les mêmes pièces locales, uniques, inimitables, youpi. Sur Djamaa El Fna, les choses se gâtent un peu : sans nous laisser le temps de protester, un type me passe un serpent autour du cou, nous propose de prendre des photos, s'excite tout seul, nous demande 20 euros. Katia efface les photos, le type la surveille avec attention, je vois le moment où il va se barrer avec l'appareil mais non. Nous repartons en râlant. Les enfants n'ont rien capté. Nous repartons dans les ruelles. Je repère une enseigne de dentiste. Mon mal de dents disparaît. Couscous pour tout le monde dans une gagotte locale : 10 euros TTC, boissons comprises. Nous retournons au riad. Je bosse, Katia bronze, Alice glande, Nathan dort trois heures. Il adore Marrakech : "Tout m'intéresse, ici. Depuis le début." Il a l'air excessivement sérieux. Et les gens ? "Tout le monde m'aime, ici." Il faut dire qu'un petit mec blond aux yeux bleus ne passe spécialement inaperçu dans le secteur. Et se faire ébouriffer les cheveux vingt fois dans la journée ne paraît pas un problème : "ça va, mon ami ?" Le soir, je décide d'emmener tout le monde dans un restaurant que nous ne trouverons jamais. La carte ne dit pas la même chose que le Lonely Planet qui ne dit pas la même chose que google maps qui ne dit pas grand-chose en vérité. Une quinzaine de types à la suite, voyant bien que nous sommes paumés, offrent de nous aider, descendent de mobylette. "Alors c'est très simple." Nous déclinons : "S'il te plaît mon frère donne-moi dix euros je suis pauvre merci beaucoup mon frère.
- Non mais ça va on va se débrouiller.
- Non mon frère c'est très difficile ici, vous allez vous perdre.
- Mais c'est ce qu'on veut !
- Suis-moi mon frère.
- Non mais attendez on n'a pas de fric.
- Suis-moi mon frère. Je suis pauvre. Donne-moi vingt euros. Merci beaucoup pour la gentillesse."
Je ne peux m'empêcher d'admirer leur technique. Katia commence à râler. Alice nous reproche de ne pas donner d'argent à chacun. "Bon maintenant ma chérie tu la fermes." Après une heure de ce jeu un peu chiant, nous retournons finalement vers Djamaa El Fna, en passant par des ruelles de plus en plus étroites, hantées par de minuscules chatons. Alice décrète que c'est ce qu'elle préfère au Maroc : les petits chats. Son compteur est à quatre-vingt six. Dîner sur la place, ce qui ravit les enfants. Nos fragiles estomacs d'européens nordiques émettent des prières silencieuses. Nous ne sommes pas encore prêts pour les escargots ou les brochettes de cervelles. Plus tard, nous descendons dans ce qui ressemble à un supermarché. Katia cherche une brosse à cheveux, objet que, pour une raison que nous ne parvenons pas à nous expliquer, personne ne semble vendre nulle part. Elle finit par dénicher un superbe machin vert fluo. Sauvés ! Voilà qui illumine notre soirée. Rentré au riad, j'essaie de déterminer, wifi aidant, si faire du jogging dans les rues de Marrakech peut être une idée pertinente. Je réserve mon jugement.