La Table d'Adrien, près de la rue de la Paix, est un secret extrêmement bien gardé, divulgué ici par pur sadisme esprit philanthropique. Le soir, c'est jeudi seulement, et sur réservation. Aux fourneaux : Judite. Le patron, chemise noire, deadly serious, vous annonce ce que vous allez manger, et ce n'est pas comme si vous aviez le choix. Il y a un duo de foie gras chaud et froid à se damner, une omelette aux truffes versée devant vous dans l'assiette, une "colossale" de viandes (je vous laisse imaginer le truc), une assiette de fromages et des desserts dont j'ai oublié le détail parce que, voyez-vous, quand Adrien pose les trois bouteilles sur la table (pour quatre), là non plus, vous n'avez pas le choix, et d'ailleurs, vous êtes très content, et Adrien aussi, ce qu'il exprime en hochant vaguement la tête et en vous servant une rasade d'Armagnac qui vous force à reconsidérer la définition du mot "indécence". Merci à Thomas L., donc, qui se reconnaîtra aisément, dès qu'il reprendra connaissance, s'entend, pour cette expérience au-delà du réel. Et qu'est-ce que tu fabriquais dans ce rade improbable, me demandes-tu fort à propos, ô bien-aimé(e) lecteur/trice ? Eh bien, ah, ah, je ne peux pas en parler maintenant, c'est secret, c'est cool, c'est super secret, c'est vraiment cool (navré : j'ai toujours voulu écrire ce genre de phrase), et vous en saurez plus, si vous en savez plus, et si nous allons au bout de l'aventure, dans, disons, trois ou quatre ans - information qui constitue déjà un indice en soi. En attendant, y a du boulot, du vrai, et je me suis fait de nouveaux copains tout à fait surprenants.
