C'est devenu un truc banal, en SF - Fantasy : quelqu'un est nominé pour un prix public et vous demande de voter pour son livre. Par mail. Sur un site. Sur une liste, sur un forum, sur une plate-forme communautaire. Parfois, c'est l'éditeur lui-même qui se charge de vous faire passer le message. En général, le lien vous est gracieusement fourni. Un petit clic et puis s'en va. Oh, bien sûr, vous "faites ce que vous voulez" (une précision tout de même réconfortante). Mais vous comprenez, c'est la jungle, l'auteur débute, il a besoin d'un léger coup de pouce, tout le monde pratique, alors bon, un geste, quoi, les copains, qu'est-ce que ça vous coûte ? Une façon élégante et über-cool de présenter les choses : le fameux "un peu d'auto-promo n'a jamais tué personne", assorti du smiley auto-dérision / wink-wink de rigueur. Notez qu'on ne vous demande pratiquement jamais de lire le livre : il y a quand même des limites. Pour le reste, c'est un peu comme si des potes vous payaient un(e) escort-girl(boy) pour la soirée et que vous étiez au courant mais que vous arriviez à faire semblant de trouver ça cool et spontané. Disons qu'il faut pas mal s'aimer, et d'une façon un peu spéciale. En fait, ce micro-cirque compose un tableau d'une tristesse assez touchante. Certaines personnes écrivent parce qu'elles n'ont jamais été premières de leur classe ou parce que leurs parents n'ont jamais regardé attentivement leurs dessins ; elles trouvent d'autres personnes qui les comprennent et qui les plaignent. On appelle ça des "lecteurs". C'est un miracle à petite échelle, mais un miracle quand même.
Samedi prochain, je serai à la Foire du Livre de Saint-Louis, 27e du nom, en compagnie notamment de Gilles Dumay et de mes confrères Patrick Poivre-d'Arvor et Raymond Poulidor.
La citation du jour : "Je représente, à moi seule, beaucoup de choses : je suis une femme, mes parents sont étrangers, je suis moderne, je suis partie de rien et je suis arrivé très haut, très vite. Tout cela peut crisper certains. Cela m'est égal."