Récipiendaire du prix Médicis du meilleur roman étranger 2013, En mer de Toine Heijmans est une petite chose sympathique mais qui ne méritait en aucun cas de l'emporter devant le magistral Confiteor de Jaume Cabré ou Esprit d'hiver de Laura Kasischke - autre livre à tension & à chute publié cet été chez Bourgois, incomparablement supérieur. Bon, sans doute l'ai-je lu dans de mauvaises conditions : frémissant d'espoir, escomptant pour de bon me prendre une vague glacée en pleine figure. Las. Ce premier roman d'un auteur néerlandais, qui "joue merveilleusement avec nos nerfs", selon le Nouvel Obs, adopte en réalité une construction on ne peut plus classique, avec flash-backs convenus et montée progressive en puissance. La fin déçoit par sa platitude (on la voyait bien venir depuis le rivage, en fait) et l'écriture pose l'éternelle question de la simplicité comme vertu littéraire : phrases sèches mais peu d'émotion à l'arrivée, manque de chair et d'empathie pour les personnages. Je reste toutefois persuadé qu'En mer a pu séduire des lecteurs ; si l'on considère l'ambition de départ, l'exécution est sans défaut. De là à le considérer, à l'instar de l'Express, comme "une sorte de Sukkwan island sur les flots", il y a un pas de géant qu'il serait presque malvenu de franchir. Heijmans mène sa barque avec conviction, mais jamais (et le choix de la couverture - mer étale - est à cet égard assez significatif) on n'aura vu les béances et les monstres.