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(please follow) the golden path

Llittérature, films, séries, musique, etc.

le sens nouveau (à propos d'Upstream Color)

Publié le 28 Décembre 2013 par F/.

 

Upstream color, le second film de Shane Carruth, réalisateur de 41 ans déjà responsable de l'ahurissant Primer (Wikipedia, fais ton office), n'a jamais été distribué en France. Le spectateur peu informé se voit ainsi privé de l'une des œuvres les plus follement novatrices et affolantes de ces dernières années, signé d'un surdoué joyeusement perdu pour la science - quelque part entre Malick et Lynch, à supposer que les brins d'ADN jamais ne soient reliés par rien. "Impossible à résumer, impossible à ignorer" : réduire Upstream color à une trame narrative équivaudrait à un complet contresens, tant les territoires qu'explore cet OFNI se passent de théories et d'analyses ou bien les englobent toutes. Disons qu'il est question d'un ver aux propriétés surnaturelles, du Walden de Thoreau, de cochons liés, de transmissions de pensées, de victimes et de son lourd, d'orchidées bleues et d'amour, bien sûr, du mystère incompressible de l'amour, à la fois sujet et objet ("I like the concept of not really knowing how much of your experience is due to your own objectivity", déclare Carruth en interview). Upstream Color pourrait, ou pourrait ne pas, représenter une métaphore de la façon insidieuse dont le capitalisme nous maintient sous son emprise. Possible aussi d'y détecter une ode scientifico-panthéiste d'un genre nouveau, suggérant des connexions inédites, une manière sauvage d'être au monde. C'est surtout, et avant tout, un film qui s'adresse aux sens : visuellement bluffant, pour un budget supposé de $ 100 000, doté d'une bande-son d'autant plus exceptionnelle qu'elle est signée Carruth lui-même (chaque titre de morceau est une citation de Walden), scandé par un montage virtuose, il donne ce qu'un livre ne pourra jamais offrir : le silence - et pose les bases d'un cinéma nouveau, organique, qui considèrerait le sens comme un venin à inoculer, rien de moins.


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E
Quel dommage que ce film ne soit pas distribué en France...
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C
Je partage votre avis pour Confiteor. Un chef d'oeuvre!
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