Donc, nous avons été voir Man of Steel. Disons qu'à la base, c'était surtout pour les gosses. Sur un site américain peu réputé pour sa hardiesse, les types expliquaient qu'on pouvait emmener des enfants à partir de huit ans. Hélas : c'était vrai. Bon, je ne suis pas un grand fan de Zack Snyder, hein, je serais même prêt à avancer qu'il a tout d'un sympathique attardé mental mais tout de même, c'était produit par Nolan, et puis on avait le choix entre ça et attendre l'été. Le verdict : effectivement, on est bien en présence d'un film pour débiles légers. Sur la question de la fidélité au personnage, à l'esprit, à, ahem, l'histoire, je ne me risquerais surtout pas à trancher, il y a des gens qui font ça très bien - généralement, ils s'y connaissent vachement en pizzas et ils ne baisent pas des masses. Reste que l'objet cinématographique lui-même, dans la mesure où votre but n'est pas uniquement d'aggraver un mal de tête naissant ou de perdre 2h20 de votre vie, est une sorte de désastre mou. Un critique des Inrocks (lol) évoque un "tragique shakespearien de bon aloi" : je crois que ça veut dire que certains personnages ont des problèmes. Plus loin, le même évoque Snyder et sa - je cite - "fascination pour l’esthétique fasciste, joyeusement pervertie par une tendance queer." Là, je me dis qu'on se rapproche de la vérité - souvenons-nous du "les Aryens, c'est beau mais c'est con" du regretté Desproges. En effet, le personnage principal, auquel on ne pourra certes pas reprocher un goût immodéré pour la duplicité, se révèle quelque peu bas du front et - ceci expliquant peut-être cela - met visiblement du gel dans ses cheveux avant de voler. Il est très beau, très volontaire, et s'il menaçait d'épouser votre fille, vous vous immoleriez par le feu au bout de trois dîners en l'implorant de ne surtout toucher à rien pour cause d'ennui incoercible. Bizarrement, les seules scènes à peu près intéressantes sont celles où apparaît Kevin Costner, le papa terrien de Superman, qui a l'air assez fatigué, et on le comprend. Le reste, c'est baston & cavalcade, à faire passer Avengers pour du Cassavetes. Au final, [attention : gros spoiler sans intérêt], Superman tue son ennemi en lui brisant le cou, après que les deux turbulents garçons ont ravagé la moitié de Metropolis.Pourquoi n'a-t-il pas commencé par là ? Parce qu'il est gentil, je crois, et/ou Américain (il le précise lui-même en épilogue, d'ailleurs : "plus américain que moi, tu meurs" - de fait, lui ne meurt pas). Bref, tout ceci était excessivement désolant et pénible. Si vous voulez voir un truc qui tabasse, essayez donc Bellflower, visionné la semaine dernière : c'est un film qui a coûté quatorze mille fois moins cher ($ 17 000) que la merde sus-citée, et qui raconte comme l'Amérique se dévore elle-même à coups d'histoires et de désoeuvrement chronique. Bizarre, non ?