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(please follow) the golden path

Llittérature, films, séries, musique, etc.

marrakech (7)

Publié le 30 Octobre 2010 par F/.

En temps normal, je suis un pro de l'orientation. Plan en main, je peux vous emmener où vous voulez pour 100 dirhams. Ces derniers temps, j'ai géré Rome, j'ai géré Venise, j'ai géré New York et même les méandres de Mulholland Drive fingers in da noze. Mais Marrakech, je ne sais pas : ils ne doivent pas avoir les mêmes angles droits que chez nous. Quand vous tournez à gauche, puis encore à gauche, et à gauche une troisième fois, tout ça à 90° et avec des segments d'égale longueur, vous devez vous retrouvez à votre point de départ, non ?

Non.

En plus, je soupçonne les locaux de se foutre un peu de notre gueule : "La rue Mohammed V, c'est par ici ?

- Tu cherches des plateaux ? Très beaux plateaux. En argent massif.

- Non, je cherche l'avenue Mohammed V.

- Mais tu ne veux pas un plateau ?

- Non.

- D'accord mon ami, pas de problème, bienvenu à Marrakech.

- Alors, euh - l'avenue Mohammed V ?

- Oui, oui, c'est par là."

Le type désigne une vague direction en totale contradiction avec les indications de mon plan, puis s'en va sans demander son reste.

 

http://farm1.static.flickr.com/142/399738463_e99ac82b81_o.jpg

 

Hier matin, la plupart des magasins de la ville nouvelle étaient fermés parce que c'était le jour de la grande prière, lucky us. Nous avons donc erré sur les grandes artères à l'occidentale avec leurs boutiques à l'occidentale et leurs prix à l'occidentale. Il faisait 33°C et nous portions des vêtements sombres - une excellente décision stratégique. Mais enfin, c'était très agréable, et Katia a commencé à développer les premiers symptômes de cette célèbre maladie que nous avons en commun : la procrastination. "On pourrait habiter ici.

- Ou à Los Angeles.

- Ou acheter un riad. Avec un bassin intérieur.

- Oui mais quid du chalet dans les Alpes ?

- Ou un duplex à Strasbourg.

- Ah, je ne sais pas.

- Non, tu as raison : alors ici.

- Ici, c'est comme à Strasbourg : il y a des cigognes.

- Ah, je ne sais pas."

Suite à quoi je me suis mis en quête du stade ancien. Que j'ai fini par localiser, grâce à l'aide de personne, ah ah. La porte était close : l'histoire de ma vie. Je me suis hissé sur le rebord pour jeter un oeil et là, elle s'est ouverte et ma femme a éclaté de rire. C'est mon côté Buster Keaton. Il y avait un type de l'autre côté qui m'a dit que le match était demain (ce que je savais) et que c'était gratuit pour les gazelles et les enfants (ce que je savais) et que pour moi c'était 20 dirhams, non en fait 100, enfin je veux dire 50, à négocier (ce que je ne savais pas). Rendez-vous est donc pris.

Hier après-midi, Katia est partie tenter l'épilation au sucre (je ne veux pas savoir ce que c'est ; de toute façon, j'ai arrêté de manger des crèpes) et j'ai emmené les enfants en exploration dans des coins de la Medina que nous ne connaissions pas. Pour trouver son chemin, a dit le sage, il faut savoir se perdre - ou une connerie dans le genre. Munis de ce principe, nous avons fini par rejoindre la place Djemaa-el-Fna, où - ô trésor de l'Orient - un vieillard vendait des caméléons et des lézards microcéphales. "Oh papa, on en ramène un, dis ?

- Votre mère ne va pas vouloir."

Je me sens chez moi, maintenant. Quelque chose dans mon regard dit que je suis un vrai dur, un baroudeur à qui on ne la fait pas. Des babouches ? La chukran, mon frère. Une théière ? Peut-être tout à l'heure. Tu veux aller où ? L'important n'est pas la destination, fils.

 

http://www.ladepeche.fr/content/photo/biz/2009/04/15/200904150901_w350.jpg

 

Oui, on dirait bien que mon rêve s'est enfin réalisé : je suis Hubert Bonisseur de La Bath. Il faudrait que je pense à prendre des photos du président Sarkozy (prononcez "Sarkouzy de le Fouquet's") avec moi.

En fin d'après midi, au terme de pérégrinations rocambolesques et néanmoins gratuites, nous avons accompagné Nathan chez le coiffeur, qui a aimablement saccagé sa coupe Les Triplés, puis nous sommes rentrés pour retrouver la mère de nos enfants, prostrée dans un état de stupeur catatonique. "Ils m'ont épilé des endroits dont j'ignorais l'existence." (prononcé en mode je-reviens-du-Vietnam-et-j'ai-vu-des-choses-dont-tu-n'as-pas-idée, petit).

Après ça, nous avons rencontré des Français dans une ruelle, qui nous font fait visiter leur riad à eux, un truc 1001 nuits complètement ahurissant, avant de nous faire monter sur leur très haute terrasse. "Et chez vous, c'est aussi haut ?

- Pas totalement.

- Et il y a un jacuzzi, aussi ?

- Mm. Non.

- Et des oiseaux-mouche, vous avez des oiseaux-mouche ?

- Je ne sais pas. Je n'ai pas regardé.

- Mais sinon, vous êtes contents ?

- Ah oui, très."

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P
<br /> Des billets savoureux. Vraiment :-)<br /> <br /> <br />
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