Alors donc oui bien sûr je n'ai pas été spécialement graphomane ces derniers temps parce que voyez-vous j'étais crevé parce que imaginez un peu j'étais hum comment dire à Montreuil et donc voilà.
Non, je ne connais pas ce petit mec à lunettes. C'est un cliché que j'ai piqué, histoire de. La honte et le déshonneur sur moi.
Ma mémoire étant ce qu'elle est, et en absence de photographies probantes, je ne puis que m'incliner et rendre hommage aux lectrices et lecteurs, plutôt nombreux me semble-t-il, qui sont passés me voir vendredi et samedi et lundi pour me faire signer des trucs ou discuter le bout de gras ou me coller des papillons dans le dos (si). Notamment : un certain nombre de bloggueuses bien sûr (ma chère Lily, une Hérisson, une Laure, une Ori, une Exécutrice, une Vanessa, une vampire, une Sandie, une autre & inévitable & toujours joyeuse Laure accompagnée de sa bande tout aussi enthousiaste - et j'en oublie forcément, j'en oublie des dizaines, et c'est à ce moment que je réalise que je n'aurais jamais dû commencer cette liste, la lapidation passive est un sport très surfait, cette phrase est un peu trop longue, le bouton du siège éjectable se trouve en haut à droite, il y a une petite croix dessus), ainsi qu'un Florian, ainsi qu'un ami de Mutzig, ainsi qu'un Gaël, ainsi que de nombreu(x)ses bibliothécaires et profs de français et documentalistes - le nerf de la guerre - qui me laissent leurs cartes ou prennent mon mail ou sourient seulement ou m'invitent ou veulent m'inviter ou promettent de m'inviter ou pourraient éventuellement caresser le-projet-de-m'inviter-mais-ne-nous-emballons-pas-mon-bon-monsieur, sans oublier les amis, auteurs, éditeurs et autres qui se reconnaîtront sans peine et ne m'en voudront pas de ne pas les citer ou alors seulement par allusions subtiles et légères, genre : hello, Florence H. ! oh, et hello Marie D., que je vois bien trop rarement mais que je porte dans mon coeur, ainsi qu'une poignée de journalistes abusivement sympathiques.
Brève et amusante rencontre avec Bénédicte Taffin sur le stand Gallimard : ma consoeur débutant visiblement dans l'art délicat des dédicaces sans stress, j'essaie de faire mon malin et de lui expliquer deux ou trois trucs sur les rencontres en collège ce qui n'a, en vérité, pas grand-chose à voir, et je me rends compte soudain que je parle chinois ce qui, certes, est plutôt de bonne augure pour la suite mais, soyons honnête, ne l'aide pas vraiment sur le coup. Respire, Bénédicte. Tout va merveilleusement bien se passer. Un premier roman chez Gallimard jeunesse, ce n'est pas donné à tout le monde.
Les gens sont assez enclins à acheter La Vie extraordinaire des gens ordinaires. Il faut dire que c'est un livre que je n'ai pas trop de mal à conseiller. Et c'est compliqué ? Non. Et ma nièce de 13 ans peut le lire ? Oui. Et on peut picorer dedans ? Oui. Et il faut nécessairement tout se taper ? Non. Et ce sont des histoires vraies ?
- Oh, regardez derrière vous : Frédéric Mitterand !
- Hein ? N'importe quoi.
- C'est treize euros cinquante mais la caisse est là-bas. Une excellente journée à vous, mademoiselle, et le bonjour à qui de droit. Je vous souhaite chance et bonheur et amour et réussite dans tous les domaines y compris examens scolaires et médicaux et redressements fiscaux inopinés - ton mec est parti, tu lis ce livre, il revient derrière toi comme un chien derrière son maître - et remember : Jesus loves you, he love you yeah, yeah, yeah.
Ouais, il y a également des gens qui ont déjà lu Bal de givre à New York. C'est assez flippant, ce moment où les lecteurs vous parlent d'un bouquin qui sort dans un mois. Surtout quand on oublie que des épreuves ont été envoyées. Surtout quand on se rappelle que l'auteur est l'âme du livre, mais que lecteur est son intelligence. Votre vie se met à ressembler à un film de Richard Kelly.
- Sympa, votre roman.
- Quel roman ?
- Eh bien, celui qui n'existe pas encore.
- Ah, ah.
- Ah, ah, oui. Vous voulez que je vous dise comment ça se termine ? Vous voulez que je vous dise ce qui va se passer maintenant ? Vous voyez ce lapin géant, là-bas, perdu au milieu de la foule ?
- Oui mais...
- Vous et moi sommes les seuls à le voir, hélas - ou heureusement, ça dépend du point de vue. Votre prochain livre parlera de magie, vous vous rappelez ? J'ai la date de la fin du monde dans la poche droite de mon manteau, vous préférez les sardines Belle Iloise aux sardines Quiberonnaise, à l'âge de quatorze ans, vous avez frappé un garçon dans un garage avec une raquette de tennis en bois, votre groupe sanguin est O+, vous n'avez pas voté en 2002 et votre passeport expire en décembre 2017. Vous me signez mon livre ?
- Non mais c'est pas possible parce que...
- Je plaisante. Vous l'avez déjà signé, évidemment.
C'était, l'un dans l'autre, un très bon salon. Les premiers exemplaires de Bal de givre à New York - les vrais - partent aujourd'hui vers les scintillantes boîtes aux lettres des bloggeuses engourdies & censément impatientes et impitoyables et impitoyablement impatientes que ma redoutable attachée de presse s'est chargé de sélectionner. Si vous ne recevez rien et/ou que vous n'êtes pas une bloggueuse engourdie et/ou que vous pensez que c'est un scandale parce que votre blog est suivi quotidiennement par 50 000 personnes et que vous avez des trucs super importants à raconter sur les bals, le givre, l'interruption momentanée de la soi-disant réalité et les sonnets de Shakespeare, alors, évidemment, vos insultes et gémissements sont les bienvenus ici. Sans quoi ayez je vous prie l'amabilité de patienter jusqu'au 5 janvier.