Elric, Les Buveurs d'âmes, sort aujourd'hui dans toutes les bonnes drogueries. A un libraire qui me demandait hier soir si je réalisais ce que travailler avec Michael Moorcock représentait, j'ai répondu non. Il y a vingt ans, je volais les livres du cycle d'Elric à la FNAC. Aujourd'hui, je les co-écris (et ils sont plus compliqués à voler car publiés en grand format). Sans doute me faudra-t-il vingt ans de plus pour ouvrir les yeux.
Non, je ne me rends pas vraiment compte : tout simplement parce que Michael John Moorcock, s'il a côtoyé Ballard, s'il a publié Pynchon, s'il a écrit pour Blue Oyster Cult, s'il est régulièrement cité comme influence par Alan Moore et Iain Sinclair et si le Times le cite comme l'un des 50 plus grands écrivains anglais d'après-guerre, est un homme d'une humilité confondante et d'un profond humanisme, doté d'un sens de l'humour en or massif et toujours prompt à ne pas vous rappeler qui il est.
Les Buveurs d'âmes est, au cas où vous vous poseriez la question, du pur Elric vintage. Tout ce que vous pouvez aimer ou détester chez l'albinos le plus célèbre du monde est, je l'espère, tapi dans ses pages : le pathos, la flamboyance, une propension jamais démentie à l'auto-apitoiement et une sanglante rage de vivre.
J'en profite pour remercier tous ceux qui sont venus faire la fête avec nous hier soir, tous ceux qui ont fait semblant de rire à mon discours et tous ceux qui ont eu la décence d'arriver un peu en retard : les timoniers du Fleuve Noir étaient, semble-t-il, ravis - et nous aussi, par Arioch.