un mec bien

C'était en 1997. Je travaillais à Casus Belli et mon premier roman venait de sortir. Neuvième Cercle, il s'appelait. Il n'était vraiment pas fameux mais je n'avais pas besoin qu'on me le dise - pas trop méchamment en tout cas. Roland C. Wagner était le type qui parlait des livres dans Casus. A l'époque, je ne voyais pas bien qui c'était. Juste une autorité, un genre de grand ancien. Ah, ah, n'importe quoi. Il avait la trentaine.

Roland C. Wagner a pondu une notule sur Neuvième Cercle. C'est idiot, j'ai paumé le numéro dans lequel elle est parue ; j'aimerais bien le retrouver aujourd'hui. Ce que Roland disait, j'ai oublié. Je sais seulement qu'il m'a mis 7/10 et que le texte m'a fait plaisir et gonflé d'espoir et furieusement donné envie de continuer. Merde, ma première critique ! Il y a vraiment peu de personnes envers lesquelles j'éprouve de la gratitude pour ce que je suis devenu, sur un plan professionnel. Roland en fait partie.

Plus tard, bien plus tard, on s'est gentiment écharpés sur le forum d'Actusf à propos de Gurdjieff. Roland était un esprit acéré, facétieux, toujours en mouvement. Un instant, j'ai eu peur qu'on soit fâchés. Quelques semaines plus tard, on s'est retrouvés à la même table à Nantes et il s'est avéré que non, on n'était pas fâchés le moins du monde, c'était juste pour rire, s'électriser un peu. On a bu une bière, comme il se doit, et je me suis dit que ce mec, fondamentalement, était gentil et qu'il aimait être vivant. Le train de la réalité, hein.