Map to the stars, d'abord, le nouveau Cronenberg, avec Bruce Wagner au scénario, et ça se voit, et ça se vit. Pour ceux qui l'ignorent, Bruce Wagner, dont le premier roman est sorti chez Sonatine il y a quelques années (le deuxième arrive), est une sorte de Bret Easton Ellis un peu plus ample et un peu moins égotiste (et de fait, légèrement, très légèrement moins cruel) dont les talents de, disons, "chroniqueur acerbe du cauchemar hollywoodien" ne sont plus à démontrer. L'histoire de Map to the stars est absolument terrible. Sans rien en dévoiler, disons que c'est la dissection d'une malédiction, gravée dans les étoiles, i.e. dans le feu du ciel - une fable moraliste à l'inéluctable conclusion et portée part des interprétations sidérantes (Julianne Moore est grande, en star à l'éclat palissant, mais elle n'est pas la seule - Mia Wasikowska est terrible aussi, en fantôme vivant, et John Cusack en gourou sans âme, et Evan Bird, en petit enculé d'enfants-star, déçu parce que la fille qu'il vient voir à l'hôpital n'a pas le SIDA mais juste une maladie mortelle au nom trop compliqué). Comme d'habitude, le rire est la seule façon de se protéger de l'horreur, le problème étant qu'il la renforce du même coup. Ainsi de Havana Segrand, dansant de joie à l'annonce de la mort d'un enfant qui va lui permettre d'endosser le rôle de sa mère (eh ouais) au cinéma - une scène horrifique et parfaite, qui m'a cloué sur mon siège. Wagner habite la cruauté comme on ouvre les volets d'une maison en flammes, en chantant très fort. Nombreux, nombreux seront les spectateurs qui n'aimeront pas ce film, qui le trouveront creux, outré, et peut-être ridicule. Il faut souffrir d'un amour absolu pour L.A. et pour ce drame unique qui s'y rejoue chaque jour depuis les années 20 pour aimer Map to the stars, il faut trouver de la beauté au vide - ce film est un constat d'accident devant lequel les juges que nous sommes ne peuvent que hocher la tête, écœurés et fascinés. J'avais beaucoup aimé Cosmopolis déjà, et je tiens Cronenberg pour un très-grand - en fait, le snobinard en moi adore aussi l'idée qu'il soit de moins en moins compris, exactement comme B.E.E. De fait, le type invisible qui brandit les pancartes "pleurez", "riez", "ayez la trouille", etc. est un vrai psychopathe, ici - il mélange tout, il finira très mal. We are accidents waiting to happen - et nous sommes seuls sur la route.