Travail ce matin, promenade sur la route des vins cet après-midi, arrêts à Ribeauvillé et Kayzersberg, ravitaillement en pain d'épices & nous respirons un peu. Au retour, une étrange lumière rasante plane sur les contreforts des Vosges. Des clochers percent, métal froid contre le bleu ardoise d'un ciel d'automne et tout semble figé dans le froid qui précède l'hiver. Le long de la plaine, des lumières s'allument l'une après l'autre et, bientôt, des chapelets entiers scintillent à travers les collines. De l'autre côté, au pied des monts, des bancs de brume flottent sur les champs comme si la terre retenait son souffle avant de se livrer à la nuit. A tout instant, d'entre les vignes, on s'attend à voir surgir un feu roux ou une ombre gracile. C'est l'Alsace : noire, puissante et profonde. Nous écoutons la BO de Drive. Tiens, ça me fait penser que j'ai oublié de parler de ce film. Eh bien, je l'ai trouvé merveilleux de violence et de lenteur. Lynch rencontre Tarantino sous prozac et rêve à la fin du monde. Les images me hantent encore, et je ne sais pas trop quoi ajouter - c'est un film qui vous happe (la musique, la lenteur, le fantôme dans la ville désincarnée) ou vous laisse sur le bas-côté, irrémédiablement.