Tiens, en me promenant sur la page Tarifs de la Charte des auteurs jeunesse, je découvre aujourd'hui le passage suivant : "Le tarif des journées de signatures est la moitié de celui des rencontres, soit 203 euros brut la journée et 123 euros brut la demi-journée. Libre à l’auteur ou à l’illustrateur ayant participé à des rencontres associées à un salon d’accepter d’effectuer gratuitement une séance de signatures (une demi-journée de signatures pour une journée de rencontres)." Évidemment, j'avais déjà entendu parler de ça, mais je m'étais jamais demandé concrètement pourquoi ça me trouait le cul à ce point. Maintenant que j'y ai réfléchi, je peux vous en parler. Hey, amis auteurs, 123 euros brut pour trois ou quatre heures de présence, vraiment ? En salaire horaire, c'est beaucoup mieux payé qu'une caissière de supermarché, à ceci près que 1) la caissière, c'est pas vous, c'est le libraire 2) personne ne vient vous insulter, en principe et 3) sur chaque bouquin vendu, vous touchez des droits d'auteur. Alors OK, les dédicaces, ça peut être chiant, y a du bruit, y a des gens, etc., mais primo, personne ne vous force que je sache et secundo, vous n'êtes pas en train de bosser, bordel : vous êtes juste assis sur une chaise avec vos potes, hôtel et restau payés, à attendre que des gens viennent vous dire à quel point vous êtes super pendant que la librairie française essaie de ne pas crever tout en s'échinant à vendre vos livres. Le problèmes des dessinateurs de BD, je l'admets, est un peu différent : dessiner, c'est un boulot, un boulot fatiguant, même, et il y aura toujours des petits malins pour revendre votre taf sur eBay sitôt rentrés chez eux. Là, je peux comprendre. Une autre situation extrême où je peux concevoir qu'on veuille du blé ?
Mais une dédicace d'auteur ? Rappelons à ceux qui l'ignoreraient que l'auteur jeunesse touche, pour une journée de rencontre (= 4 ou 5h, en général), un gentil 3/4 de RSA. Je ne suis pas en train de dire qu'on est riches. Je suis en train de dire que libraire est un métier de passion, que les salons du livre font vivre le livre - j'ai encore pu le constater ce WE à St Etienne - et qu'on devrait tous jouer le jeu sur ce coup-là, ou bien rester chez nous. Vous voulez gagner du fric ? Écrivez des livres qui se vendent.