Plongé jusqu'au cou dans la saison 5 de Breaking Bad, qui sera diffusée en deux fois : huit épisodes maintenant, huit autres dans an. What ? Eh ouais. Dans cette première partie, qui a obtenu le score hallucinant de 99% sur Metacritic (à ma connaissance, d'ailleurs, Breaking Bad est la seule série dont les notes n'ont cessé de grimper de saison en saison), le cahier des charges de Vince Gilligan - montrer jusqu'à quel point un homme "normal" pouvait devenir un monstre, s'attacher aux moindres détails de cette métamorphose et, ce faisant, dé-construire la notion même de normalité - est parfaitement respecté : la série ne "remue" presque plus, l'arc narratif se limite à la reprise des activités de Walter et Jesse et au vague halo de terreur qui les entoure, et ce parti-pris résolument anti-spectaculaire porte ses fruits au-delà de toute espérance. L'horreur presque banale, c'est dans le cerveau de White qu'elle est nichée : dans les replis de son esprit, dans les contorsions de plus en plus acrobatiques de son sens moral. Le cancer, lui, reste tapi : c'est ce tigre en laisse qui vous regarde vous débattre avec des chiens et dont la présence même décuple vos forces. Mais la laisse tiendra-t-elle ? Et comment les chiens pourraient-ils cesser d'aboyer ? A ce stade, les épisodes se résument peu ou prou à de magistrales joutes verbales. On attend, on attend et c'est insupportrable. Gilligan aime à laisser planer un doute sur l'avenir de Breaking Bad, la possibilité d'un film. Une série ne se juge pleinement qu'une fois terminée. Espérons que l'été 2013 sera bien le dernier pour Walter White.