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(please follow) the golden path

Llittérature, films, séries, musique, etc.

rabbins et crocodiles

Publié le 15 Février 2013 par F/.

Joann Sfar ou l'homme que, pour tout un tas de raisons plus ou moins valides, vous adorez détester. Ne mentez pas : j'entends ça partout, et ce n'est pas difficile à comprendre. Le site, par exemple : Le "Petit Monde" de Joann Sfar. Pourquoi pas la misérable cahute ou le taudis insignifiant ? Sfar, c'est le type qui prétend vouloir faire "juste" des petits mickeys dans son coin et qu'on interviewe pourtant toutes les cinq minutes parce qu'il répond présent, c'est monsieur Télérama (on ne compte plus les couvertures, les articles, les lauriers) avec tout ce que ça implique, monsieur Charlie Hebdo avec tout ce que implique aussi, monsieur coups de gueule et amitiés fortes, c'est deux Césars (meilleur premier film, meilleur film d'animation) et une production pléthorique dont il est de bon ton de déclarer, depuis le début, qu'elle est inégale, bâclée, déclinante et j'en passe. Sfar, c'est le gendre idéal un peu coquin, le type qui aurait pris la grosse tête (on ne sait pas trop quand), le faux surdoué, le surévalué constant, le stakhanoviste fou, le touche-à-tout irritant (Brassens, Gainsbourg, Pascin, Saint-Ex , jusqu'où s'arrêtera-t-il ?), bref : une sorte de Tim Burton niçois débridé avec une vision spectaculairement ample et une approche chroniquement foutraque. Perso, je n'aime pas tout, loin de là, je ne connais pas tout non plus - comment le pourrais-je ? - mais j'y reviens souvent et je me demande, n'ayant jamais été un grand fan de BD, si je ne suis pas plus fasciné par le personnage et le discours que par les livres. Tenez, j'adore les Carnets publiés par l'Association, j'adore ce côté avide, auto centré et naïvement génial, est-ce que ce n'est pas un signe ? Toujours est-il qu'un roman sort bientôt, chez Albin. Manquait plus que ça, râleront les grincheux. En attendant, la majorité silencieuse et aimante peut plonger tête baissée dans Entretiens avec Joann Sfar, une interview au long cours signée Thierry Groensteen et parue aux Impressions Nouvelles. C'est passionnant : comme, disons, descendre dans une grotte décorée par Dario Argento et Jacques Tati. La vie, le quotidien, les ambitions, la création, tout y est - on notera un passage particulièrement éclairant sur les idées et l'écriture : "Je ne mets pas ma foi dans l'idée de Dieu", prétend Sfar. "Je la mets toute entière dans la croyance que les idées existent." Autant le reconnaître : je me retrouve à 100% dans cette quête effrénée, et je pense qu'il est toujours plus intéressant de donner la parole aux artistes que, mettons, au PDG de Total. A sa façon bricolo-mégalo-marrante, Sfar articule son monde et fait bouger le nôtre, même ses plus vaillants détracteurs doivent lui reconnaître ça. Quant à la couverture, elle résume tout : un petit garçon timide, songeur et un peu fatigué, entouré de filles enjôleuses, de canailles irrécupérables et de monstres de tout poil. Heureux homme.

 

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M
D'accord, sauf sur le fait qu'il vaut mieux la parole d'un artiste que celle du PDG de Total. La parole de ce dernier va me permettre de comprendre dans quel étrange Monde je vis, celle d'un<br /> artiste va être une paraphrase de son oeuvre, l'apport esthétique et parfois tout simplement artistique en moins.
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L
Sfar, c'est tout toi. Si tu savais dessiner (peut-être que tu sais) et que tu te foutais de bien dessiner.
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B
ce type est vraiment épatant, il faut le reconnaitre...
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B
Complétement d'accord avec toi!
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