Le concept de concert en appartement, c'est, littéralement, le truc qui peut vous sauver de la Fête de la musique. Bon, il faut juste avoir un peu de bol. En bas (nous sommes dans le 5e arrondissement de Paris), des types massacrent Éteins la lumière d'Axel Bauer, si une telle chose est possible - et croyez-moi, elle l'est. En haut, à l'intérieur, au chaud : Sweet Billy Pilgrim, ladies & gentlemen, soit Tim Elsenburg, échalas-geek à la voix de velours, Jana Carpenter, ci-devant fée vintage (l'expression est ©ma femme), actrice (elle a joué dans un épisode de Dr Who, moi je m'en tape mais il y a des gens parmi vous à qui ça fera de l'effet) et timbre d'ange heureux, et Anthony Bishop,qui chante aussi, et taquine le banjo, ce qui est intéressant, dans la mesure où ma théorie est qu'un morceau contenant du banjo ne peut pas être entièrement mauvais, et que tous les titres de SBP en contiennent. Les Sweet Billy Pilgrim (les fans de Vonnegut auront reconnu l'allusion) viennent de la campagne anglaise - ils sont venus exprès à Paris - ... et c'est à peu près tout ce que je sais d'eux : je les ai découverts par hasard en traînant comme un naze sur Metacritic et il se trouve que leurs albums sont régulièrement encensés par la presse (ouais, encore heureux). Un statut enthousiaste sur FB plus tard, et ne vlatipas qu'une vieille copine de l'époque Points/Seuil me contacte (la vieille copine dirige Points/Seuil maintenant, ou peu s'en faut, en fait, elle n'est pas si vieille, ou alors nous le sommes tous), et me parle de ce showcase privé en me demandant si ça m'intéresse. Ah, ah. Ouais, comment dire, ça nous intéresse légèrement, et mon beau-frère aussi, qui, facéties du hasard, m'envoyait un texto le matin même pour me dire à quel point il kiffait le dernier LP. Bref => musicalement, Sweet Billy, c'est arpèges délicats, gouttes de piano, harmonies vocales à tomber, songwriting de feu, voilà. Disons qu'on navigue quelque part entre Divine Comedy, Elbow et les Wild Beasts, sans jamais frôler l'écueil - c'est du lourd, c'est du bon, et je suis bien content d'avoir oublié l'appareil photo que j'avais préparé exprès à la maison pour vous offrir à la place ce qui devrait rester comme l'un des clichés les plus laids de l'histoire du groupe, avec les compliments de samsung.
Sweet Billy Pilgrim, chers amis, est typiquement le genre de groupe dont on a du mal à saisir pourquoi ses membres ne nagent pas dans des baignoires emplies de billets de 100£ en hurlant leur haine du système fiscal local alors même que, je ne sais pas, tant de combos merdiques non seulement existent mais prospèrent et nous cassent les couilles à coups d'hymnes de stade qui serviront ensuite à vendre des putains de voitures - et ce concert, eh bien, il tuait, tout simplement. Voir jouer des musiciens à deux mètres, les écouter tutoyer le ciel dans un salon et aller taper la discut' après en mangeant des tomates cerises, c'est un privilège qui n'a pas de prix. Merci à eux, donc, merci à Sandra & Julien, nos hôtes et merci à Marie L. sans qui le silence aurait été de mise.