Evidemment, et comme un simple coup d'oeil au pitch (moins que zéro, 25 ans plus tard) me l'avait laissé subodorer, la lecture du Imperial Bedrooms de Bret Easton Ellis me ramène à Cut, et enrichit mes notes de troublante façon. Retour à Los Angeles = palmiers étiques, dépression, sida, meurtres inexpliqués, indifférence, indifférence à l'indifférence, conversations plus blanches et plus spécifiquement : textos sybillins & vaguement menaçants, art funèbre du "vaguement", cérémonies secrètes dans les collines. Comme David Lynch, Ellis parvient à instiller chez le lecteur une véritable angoisse métaphysique reposant principalement sur son absence d'objet. Ne restent que les sujets : des silhouettes, des dialogues, quelques lignes sur un script, des souvenirs qui pourraient être authentiques ou qui pourraient ne pas l'être. C'est déprimant. C'est très beau. Il faut aimer Los Angeles, aimer ce que cette ville a de détestable, goûter le vide, l'aveuglement et la splendeur accablée du rien pour apprécier pleinement Imperial Bedrooms, et reconnaître en son auteur le fils putatif de Joan Didion qu'il n'a jamais autant été.